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Переводы русской литературы
Translations of Russian literature


Scène V

MONSIEUR JOURDAIN ; COVIELLE, déguisé.

COVIELLE.

Monsieur, je ne sais pas si j’ai l’honneur d’être connu de vous.

MONSIEUR JOURDAIN.

Non, monsieur.

COVIELLE, étendant la main à un pied de terre.

Je vous ai vu que vous n’étiez pas plus grand que cela.

MONSIEUR JOURDAIN.

Moi ?

COVIELLE.

Oui. Vous étiez le plus bel enfant du monde, et toutes les dames vous prenoient dans leurs bras pour vous baiser.

MONSIEUR JOURDAIN.

Pour me baiser ?

COVIELLE.

Oui. J’étois grand ami de feu monsieur votre pére.

MONSIEUR JOURDAIN.

De feu monsieur mon père ?

COVIELLE.

Oui. C’étoit un fort honnête gentilhomme.

MONSIEUR JOURDAIN.

Comment dites-vous ?

COVIELLE.

Je dis que c’étoit un fort honnête gentilhomme.

MONSIEUR JOURDAIN.

Mon père ?

COVIELLE.

Oui.

MONSIEUR JOURDAIN.

Vous l’avez fort connu ?

COVIELLE.

Assurément.

MONSIEUR JOURDAIN.

Et vous l’avez connu pour gentilhomme ?

COVIELLE.

Sans doute.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je ne sais donc pas comment le monde est fait ?

COVIELLE.

Comment ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Il y a de sottes gens qui me veulent dire qu’il a été marchand.

COVIELLE.

Lui, marchand ! C’est pure médisance, il ne l’a jamais été. Tout ce qu’il faisoit, c’est qu’il étoit fort obligeant, fort officieux ; et, comme il se connoissoit fort bien en étoffes, il en alloit choisir de tous les côtés, les faisoit apporter chez lui, et en donnoit à ses amis pour de l’argent.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je suis ravi de vous connoitre, afin que vous rendiez ce témoignage-là, que mon père étoit gentilhomme.

COVIELLE.

Je le soutiendrai devant tout le monde.

MONSIEUR JOURDAIN.

Vous m’obligerez. Quel sujet vous amène ?

COVIELLE.

Depuis avoir connu feu monsieur votre père, honnête gentilhomme, comme je vous ai-dit, j’ai voyagé par tout le monde.

MONSIEUR JOURDAIN.

Par tout le monde ?

COVIELLE.

Oui.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je pense qu’il y a bien loin en ce pays-là.

COVIELLE.

Assurément. Je ne suis revenu de tous mes longs voyages que depuis quatre jours ; et, par l’intérêt que je prends à tout ce qui vous touche, je viens vous annoncer la meilleure nouvelle du monde.

MONSIEUR JOURDAIN.

Quelle ?

COVIELLE.

Vous savez que le fils du Grand Turc est ici ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Moi ? Non.

COVIELLE.

Comment ! il a un train tout à fait magnifique ; tout le monde le va voir, et il a été reçu en ce pays comme un seigneur d’importance.

MONSIEUR JOURDAIN.

Par ma foi, je ne savois pas cela.

COVIELLE.

Ce qu’il y a d’avantageux pour vous, c’est qu’il est amoureux de votre fille.

MONSIEUR JOURDAIN.

Le fils du Grand Turc ?

COVIELLE.

Oui ; et il veut être votre gendre.

MONSIEUR JOURDAIN.

Mon gendre, le fils du Grand Turc !

COVIELLE.

Le fils du Grand Turc votre gendre. Comme je le fus voir, et que j’entends parfaitement sa langue, il s’entretint avec moi ; et, après quelques autres discours, il me dit : Acciam croc soler onch alla mouslaph gidelum amanahem varahini oussere carbulath, c’est-à-dire : N’as-tu point vu une jeune belle personne, qui est la fille de monsieur Jourdain, gentilhomme parisien ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Le fils du Grand Turc dit cela de moi ?

COVIELLE.

Oui. Comme je lui eus répondu que je vous connoissois particulièrement, et que j’avois vu votre fille : Ah ! me dit-il, marababa sahem ! c’est-à-dire : Ah ! que je suis amoureux d’elle !

MONSIEUR JOURDAIN.

Marababa sahem veut dire : Ah ! que je suis amoureux d’elle ?

COVIELLE.

Oui.

MONSIEUR JOURDAIN.

Par ma foi, vous faites bien de me le dire ; car, pour moi, je n’aurois jamais cru que marababa sahem eût voulu dire : Ah, que je suis amoureux d’elle ! Voilà une langue admirable que ce turc !

COVIELLE.

Plus admirable qu’on ne peut croire. Savez-vous bien ce que veut dire cacaracamouchen ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Cacaracamouchen ? Non.

COVIELLE.

C’est-à-dire, Ma chère ame.

MONSIEUR JOURDAIN.

Cacaracamouchen veut dire, Ma chère ame ?

COVIELLE.

Oui

MONSIEUR JOURDAIN.

Voilà qui est merveilleux ! Cacaracamouchen, Ma chère ame. Diroit-on jamais cela ? Voilà qui me confond.

COVIELLE.

Enfin, pour achever mon ambassade, il vient vous demander votre fille en mariage ; et, pour avoir un beau-père qui soit digne de lui, il veut vous faire mamamouchi, qui est une certaine grande dignité de son pays.

MONSIEUR JOURDAIN.

Mamamouchi ?

COVIELLE.

Oui, mamamouchi ; c’est-à-dire, en notre langue, paladin. Paladin, ce sont de ces anciens… Paladin, enfin. Il n’y a rien de plus noble que cela dans le monde, et vous irez de pair avec les plus grands seigneurs de la terre.

MONSIEUR JOURDAIN.

Le fils du Grand Turc m’honore beaucoup ; et je vous prie de me mener chez lui pour lui faire mes remercîments.

COVIELLE.

Comment ! le voilà qui va venir ici.

MONSIEUR JOURDAIN.

Il va venir ici ?

COVIELLE.

Oui ; et il amène toutes choses pour la cérémonie de votre dignité.

MONSIEUR JOURDAIN.

Voilà qui est bien prompt.

COVIELLE.

Son amour ne peut souffrir aucun retardement.

MONSIEUR JOURDAIN.

Tout ce qui m’embarrasse ici, c’est que ma fille est une opiniâtre qui s’est allée mettre dans la tête un certain Cléonte, et elle jure de n’épouser personne que celui-là.

COVIELLE.

Elle changera de sentiment quand elle verra le fils du Grand Turc ; et puis il se rencontre ici une aventure merveilleuse : c’est que le fils du Grand Turc ressemble à ce Cléonte, à peu de chose prés. Je viens de le voir, on me l’a montré ; et l’amour qu’elle a pour l’un pourra passer aisément à l’autre, et… Je lentends venir ; le voilà.


Acte 4, Scène 5. Le Bourgeois gentilhomme, Moliere.

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